Robert Walser
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:49 - influences - Lien permanent
Je ne veux pas d’avenir, je veux du présent. Cela me paraît valoir plus. On n’a d’avenir
que quand on n’a pas de présent, et quand on a un présent, on oublie complètement
même de penser à l’avenir.
Est-ce qu’on ne devrait pas pouvoir tout dire ? Combien de choses qui se perdent quand
on veut prendre tout son temps pour les examiner. Je n’aime pas réfléchir longtemps
avant de parler ; convenable ou pas, il faut que cela sorte, et voilà. Si je suis vaniteux, eh
bien, il faut que ma vanité paraisse au grand jour, si j’étais avare, l’avarice se montrerait
dans ce que je dis, si je suis quelqu’un de bien, on entendra sans aucun doute
l’honnêteté qui parle par ma bouche, et si Dieu avait fait de moi quelqu’un de
courageux, on percevrait ma vaillance dans tout ce que je pourrais dire. … Si, par
exemple, j’offense quelqu’un par mes paroles, si je le blesse ou l’irrite, ne puis-je pas
effacer la mauvaise impression produite par quelques autres paroles qui suivront ? Je ne
pense à ce que je suis en train de dire que lorsque je vois des plis de contrariété sur le
visage de celui qui m’écoute, comme maintenant sur le vôtre, Rosa.
in Les Enfants Tanner