Je ne veux pas d’avenir, je veux du présent. Cela me paraît valoir plus. On n’a d’avenir que quand on n’a pas de présent, et quand on a un présent, on oublie complètement même de penser à l’avenir.


Est-ce qu’on ne devrait pas pouvoir tout dire ? Combien de choses qui se perdent quand on veut prendre tout son temps pour les examiner. Je n’aime pas réfléchir longtemps avant de parler ; convenable ou pas, il faut que cela sorte, et voilà. Si je suis vaniteux, eh bien, il faut que ma vanité paraisse au grand jour, si j’étais avare, l’avarice se montrerait dans ce que je dis, si je suis quelqu’un de bien, on entendra sans aucun doute l’honnêteté qui parle par ma bouche, et si Dieu avait fait de moi quelqu’un de courageux, on percevrait ma vaillance dans tout ce que je pourrais dire. Si, par exemple, j’offense quelqu’un par mes paroles, si je le blesse ou l’irrite, ne puis-je pas effacer la mauvaise impression produite par quelques autres paroles qui suivront ? Je ne pense à ce que je suis en train de dire que lorsque je vois des plis de contrariété sur le visage de celui qui m’écoute, comme maintenant sur le vôtre, Rosa.


in Les Enfants Tanner