influences
mardi, juin 1 2010
Louise Bourgeois - Requiescat in pace
Par magali le mardi, juin 1 2010, 12:22
Depuis que j'ai découvert le travail de Louise Bourgeois, le questionnaire de l'artiste est toujours quelque part près de moi
1. Qui fait le jour et la nuit ?
2. D'où venons-nous ? D'où sortons-nous ?
3. Quand saurais-je où je vais ?
4. Pourquoi le toucher de la main de mon ami m'est si agréable et me donne tant de plaisir ?
5. Pourquoi sommes-nous sur terre ?
samedi, septembre 5 2009
franz kafKa
Par magali le samedi, septembre 5 2009, 18:27
Notre art, c'est d'être aveuglé par la vérité : la lumière sur le visage grimaçant qui recule,
cela seul est vrai et rien d'autre.
dimanche, mai 24 2009
Cézanne
Par magali le dimanche, mai 24 2009, 21:27
On n'a pas encore découvert que la nature est plus en profondeur qu'en surface.
Car, écoutez un peu, on peut modifier, parer, bichonner la surface, on ne peut toucher à la profondeur sans toucher à la vérité.
Un besoin salubre d'être vrai vous prend. On ficherait sa toile à bas, plutôt que d'inventer, d'imaginer un détail.
On veut savoir… savoir pour mieux sentir, sentir pour mieux savoir.
Les faux peintres ne voient pas cet arbre, votre visage, ce chien, mais l’arbre, le visage, le chien.
Ils ne voient rien. Rien n’est jamais le même.
mercredi, décembre 24 2008
- voici des vers
Par magali le mercredi, décembre 24 2008, 10:43
A demain ! La tiare de neige des montagnes – Cadre au seul visage périssable. Aujourd’hui, j’ai tracé une raie Dans le lierre sur le granit du château. J’ai aujourd’hui rattrapé la stature Des pins sur toutes les routes. Aujourd’hui j’ai pris une tulipe – Par le menton, comme un enfant. M. Ts. 16-17 août 1936 Savoie
vendredi, juin 23 2006
Robert Walser
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:49
Je ne veux pas d’avenir, je veux du présent. Cela me paraît valoir plus. On n’a d’avenir
que quand on n’a pas de présent, et quand on a un présent, on oublie complètement
même de penser à l’avenir.
Est-ce qu’on ne devrait pas pouvoir tout dire ? Combien de choses qui se perdent quand
on veut prendre tout son temps pour les examiner. Je n’aime pas réfléchir longtemps
avant de parler ; convenable ou pas, il faut que cela sorte, et voilà. Si je suis vaniteux, eh
bien, il faut que ma vanité paraisse au grand jour, si j’étais avare, l’avarice se montrerait
dans ce que je dis, si je suis quelqu’un de bien, on entendra sans aucun doute
l’honnêteté qui parle par ma bouche, et si Dieu avait fait de moi quelqu’un de
courageux, on percevrait ma vaillance dans tout ce que je pourrais dire. … Si, par
exemple, j’offense quelqu’un par mes paroles, si je le blesse ou l’irrite, ne puis-je pas
effacer la mauvaise impression produite par quelques autres paroles qui suivront ? Je ne
pense à ce que je suis en train de dire que lorsque je vois des plis de contrariété sur le
visage de celui qui m’écoute, comme maintenant sur le vôtre, Rosa.
in Les Enfants Tanner
Friedrich Hölderlin
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:48
« Sais-tu, dit-il entre autres choses, pourquoi je ne me suis jamais soucié de la mort ? Je
sens en moi une vie que nul dieu n’a créée, nul mortel engendrée. Je crois que nous
existons par nous-mêmes, et que seul notre libre désir peut nous assurer des liens aussi
étroits avec le Tout.
- Je ne t’avais jamais entendu parler ainsi, remarquai-je.
- Que serait ce monde, poursuivit-il, s’il n’était un concert d’êtres libres ? Si les vivants,
d’emblée, n’agissaient ensemble en lui, poussés par un élan joyeux, dans le sens d’une
seule vie à plusieurs voix ? Ce serait un morceau de bois, une chose froide, une vague
machine sans coeur.
- Ainsi, répondis-je, serait vraie au sens le plus haut la parole selon laquelle sans la
liberté, tout est mort…
- Sans doute ! s’exclama-t-il. Si nul brin d’herbe ne croît qu’il n’ait en lui son germe de
vie, combien sera-ce plus vrai de moi ! Ainsi, ami, c’est parce que je me sens libre au
plus haut sens du mot, et sans commencement, que je suis sans fin, que je suis
indestructible. Si c’est la main d’un potier qui m’a fait, il peut briser le vase à sa guise.
Mais ce qui vit à l’intérieur du vase est nécessairement inengendré, de nature divine en
son germe, élevé au-dessus de toute puissance et de tout art, donc invulnérable, éternel.
» Chacun a ses mystères, Hypérion, ses pensées secrètes : telles ont été les miennes,
depuis que j’ai commencé à penser.
» Ce qui vit ne peut être arraché, demeure libre jusque dans la plus profonde servitude,
demeure un même si on le fend de part en part, demeure invulnérable même si on le
blesse dans sa moelle : et son essence échappe d’un victorieux coup d’aile à ta prise…
Mais le vent du matin se lève : nos bateaux s’éveillent. Ô mon Hypérion ! j’ai vaincu. J’ai
pris sur moi de condamner mon coeur à mort et de nous séparer, préféré de ma vie !
Ménage-moi maintenant, épargne-moi l’adieu. Faisons vite ! Allons ! »
in Hypérion
Henri Michaux
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:46
Mains élues
Après méditation
naîtrait une main
sereine
apaisant l’accablé
renforçant le sage
déliant le prostré
porteuse
réparatrice
une grande main de lumière
. . .
Dans une autre vie
dans une autre vue
dans un autre vide
sans âge, sans rides
calme, épargnée,
éloignant le mal, les pérégrinations
les récriminations
. . .
Une main détachée
apparaîtrait
qui aurait vécu à part
dans une vasque
dans une eau lustrale
enfoncée dans l’Être
enlevant toute flétrissure
. . .
Une main immaculée montrerait la Voie
pure comme le ciel bleu est bleu
bleu sans angoisse
pas le bleu par où commence le noir
ne laissant place à aucun doute
éliminant, annulant la mare des larves
sortie des entrailles
qui fait basculer la base . . .
Mais d’Azur annulant la main tantrique
. . .
Hermann Hesse
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:43
Où nous trouvons quelque chose qui ressemble à la musique, nous devons y rester. Il
n’est rien dans la vie qui vaille d’être recherché sinon le sentiment de la musique, de
participer à son mouvement, à une vie rythmique, à la justification de l’existence par
l’harmonie. Où l’on trouve cela, qu’importe la folie qui peut régner, et nous avons tous
notre grain.
(Dans une lettre à Ludwig Renner du 24 novembre 1910.)
in Musique
Samuel Beckett
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:41
Où maintenant ? Quand maintenant ? Qui maintenant ? Sans me le demander. Dire je.
Sans le penser. Appeler ça des questions, des hypothèses. Aller de l’avant, appeler ça
aller, appeler ça de l’avant. Se peut-il qu’un jour, premier pas va, j’y sois simplement
resté, où, au lieu de sortir, selon une vieille habitude, passer jour et nuit aussi loin que
possible de chez moi, ce n’était pas loin. Cela a pu commencer ainsi. Je ne me poserai
plus de question.
in L'innommable
Rainer Maria Rilke
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:40
De même que la langue n’a plus rien de commun avec les choses qu’elle désire, de
même les gestes de la plupart des hommes qui vivent dans les villes ont perdu leur
rapport avec la terre ; ils sont en quelque sorte suspendus en l’air, se balancent decidelà,
et ne trouvent aucun endroit où se reposer.
in Worpswede
Pascal Mercier
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:38
« Tu es trop affamé pour moi. C’est merveilleux avec toi. Mais tu es trop affamé. Je ne peux pas
vouloir ce voyage. Tu vois, ce serait ton voyage, rien que le tien. Cela ne pourrait pas être le
nôtre. » Et elle avait raison : on ne doit pas faire des autres les pierres de construction de sa
propre vie, les porteurs d’eau dans la course à sa propre béatitude. …
Notre vie, ce sont des formations fugitives de sable mouvant, nées d’un coup de vent, détruites par
le prochain. Des formations de fugacité, qui sont emportées par le vent avant même de s’être
vraiment formées.
in Train de nuit pour Lisbonne
Vassili Grossman
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:37
L’homme meurt et passe du royaume de la liberté à celui de l’esclavage. La vie, c’est la
liberté, aussi le processus de la mort est-il le processus de l’anéantissement progressif de
la liberté ; la conscience faiblit puis s’éteint ; les processus vitaux de l’organisme
continuent un certain temps après la disparition de la conscience ; la circulation
sanguine, la respiration, les échanges cellulaires continuent à s’effectuer. Mais c’est un
recul irréversible vers l’esclavage : la conscience s’est éteinte, la flamme de la liberté s’est
éteinte. …
Le reflet de l’Univers dans la conscience d’un homme est le fondement de la force de
l’homme, mais la vie ne devient bonheur, liberté, valeur suprême, que lorsque l’homme
existe en tant que monde que personne, jamais, ne répètera dans l’infini des temps. Ce
n’est qu’à cette condition qu’il éprouve le bonheur de la liberté et de la bonté, en
trouvant chez les autres ce qu’il a trouvé en lui-même.
in Vie et Destin
Marguerite Duras
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:36
C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire c’est aussi
ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, souvent,
ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à
quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. C’est
impossible. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre, et autres spectacles. C’est
à l’opposé de toutes les lectures. C’est le plus difficile de tout. C’est le pire. Parce qu’un
livre c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit,
qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre
destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d’avec lui,
le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé.
in Ecrire
Raymond Depardon
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:35
… Je me suis souvent demandé pourquoi j’avais été faire ces photos dans les hôpitaux
psychiatriques en Italie, et pourquoi j’y suis retourné. Pourquoi j’allais faire ces photos ?
Je ne sais toujours pas. Mais c’est sûr qu’il y a quelque chose qui m’attire profondément.
Tout doucement, j’ai senti que j’avais peur de cet enfermement, j’ai toujours la peur de
l’enfermement. Les murs me font peur et à la fois ils m’attirent. …
in Errance
Sylvia Plath
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:34
For a Fatherless Son
You will be aware of an absence, presently,
Growing beside you, like a tree,
A death tree, color gone, an Australian gum tree –
Balding, gelded by lightning – an illusion,
Ans a sky like a pig’s backside, an utter lack of attention.
But right now you are dumb.
A I love your stupidity,
The blind mirror of it. I look in
And find no face but my own, and you think that’s funny.
It is good for me
To have you grab my nose, a ladder rung.
One day you may touch what’s wring
The small skulls, the smashed blue hills, the godawful hush.
Till then your smiles are found money.
Heinrich von Kleist
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:31
… Il y a dans le visage de celui qui nous fait face une singulière source d’enthousiasme
pour celui qui parle ; et un regard, qui nous exprime qu’une pensée à moitié formulée
est déjà comprise, nous offre souvent la formulation de toute la moitié manquante. Je
crois que plus d’un grand orateur ne savait pas encore ce qu’il allait dire à l’instant
même où il ouvrait la bouche. Mais la conviction qu’il trouverait les idées nécessaires
dans les circonstances elles-mêmes, et dans l’excitation de son esprit ainsi stimulé, le
rendait assez audacieux pour se lancer, au petit bonheur. …
in De l'élaboration progressive des idées par la parole
Stig Dagerman
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:28
… Je peux remplir toutes mes pages blanches avec les plus belles combinaisons de
mots que puisse imaginer mon cerveau. Etant donné que je cherche à m’assurer que ma
vie n’est pas absurde et que je ne suis pas seul sur la terre, je rassemble tous ces mots en
un livre et je l’offre au monde. En retour, celui-ci me donne la richesse, la gloire et le
silence. Mais que puis-je bien faire de cet argent et quel plaisir puis-je prendre à
contribuer au progrès de la littérature – je ne désire que ce que je n’aurai pas :
confirmation de ce que mes mots ont touché le coeur du monde. …
in Notre besoin de consolation est impossible à rassasier
Richard Bach
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:26
We're free to go where we wish and to be what we are.
in Jonathan Livingstone Seagull
Alberto Caeiro
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:25
Peut-être, au-delà du tournant de la route
Y a-t-il un gouffre, et peut-être un château-fort,
Et peut-être tout bonnement la continuation de la route.
Je n'en sais rien et je ne pose pas de questions.
Tant que je marche sur la route avant le tournant,
Je me contente de regarder la route avant le tournant,
Puisque je n'en puis voir autre chose.
Si je regardais de l'autre côté
Et de celui que je ne vois pas,
En serais-je plus avancé ?
N'ayons cure que du lieu où nous sommes.
Il est assez de beauté dans le fait d'être ici et nulle part ailleurs.
S'il y a quelqu'un au-delà du tournant de la route,
Ceux qui s'inquiètent de ce qu'il y a par-delà le tournant de la route,
C'est cela qui pour eux est la route.
Si nous devons y parvenir, en y parvenant nous saurons.
Pour l'instant nous savons seulement que nous n'y sommes pas.
Il n'est ici que la route avant le tournant, et avant le tournant
Il y a la route sans aucun tournant.
in Poèmes désassemblés