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série "dans le métro" - magali jourdan

magali jourdan

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série "dans le métro"

Petits textes sur des rencontres de métro

Fil des billets

lundi, février 16 2009

métro 20 - clin d'oeil de la vie

Samedi 14 février. Ligne 9. Direction Mairie de Montreuil.
Echanges de regards et de sourires avec une vieille dame assise devant moi.
La raison de ces échanges m’échappe. Ils sont – et amplifient les commissures de mes yeux.
Un SDF au discours étonnant passe. Me remercie pour le sourire.
Vous êtes dans la joie ? Cette phrase sortie de la bouche de la vieille dame me ravit.
Sa voix n’est pas très sonore et d’une netteté rare. La tournure de phrase me surprend.
Elle finit par me demander si j’ai des enfants. Un mari.
Je m’entends dire « Non. Je préfère voyager. »
Elle sourit d'un regard perçant. Son visage mat s’illumine. Davantage.
Bon voyage.

Les portes se ferment.
Seule sur le quai, je regrette instantanément de n’avoir pas osé lui dire que je la trouvais belle.

Dimanche 15 février. Ligne 9. Direction Pont de Sèvres.
Une place se libère. Une main se saisit du journal sur lequel j’allais platement m’asseoir.
Je me tourne vers ma voisine qui n’est autre que la vieille dame de la veille.
Etonnement réciproque. Rires timides.
Après nous être brièvement questionnées sur notre humeur du jour, nous plongeons chacune dans nos lectures.
Je ne cesse de me dire que la vie me tend un cadeau inouï.
Nation. Elle abandonne la lecture de son journal et me regarde me lever.
Moi : Vous êtes toujours aussi belle.
Elle : (sourire) Vous êtes belle vous aussi.
C’était un merci.

jeudi, décembre 18 2008

métro 19 - polaroïds de la vie souterraine

Des rayures bleues et vertes

Une femme. Blonde. 45 ans environ. Une petite fille sur les genoux. Blottie tout contre. Elle tient dans la main droite un petit paquet de la boulangerie. Retire le scotch autour de la tartelette. Chocolat noir. « Hummm… c’est bon ! » dit-elle en faisant claquer le B. Je ris. Elle rit. Gênée d’avoir parlé si fort. La femme rit. Je ris. Je regarde la pâtisserie avec gourmandise, l’enfant rit. Elle mange. Je souris. Elles se lèvent.

Mouvements

Un homme. Agé. Très âgé. Dos en courbes. Voûté. Tient ses mains entre ses jambes grêles. Il est ridé. Très ridé. Sillonné d’un nez pointu. Yeux dans le vague. Son œil droit pleure des larmes de verre. Il ne bouge pas. Je le regarde. Il ne bouge pas. Il verse les Tears de Ray. Man. Je le regarde. Je regarde cet homme. Le bout de ses ongles est jauni. J'ai envie de lui sourire – il ne regarde pas. Jamais vers moi. Il a les yeux fixés sur ce que je ne peux voir. Petit homme au manteau vert. Me trouble. M'émeut.

Griffures bleues. Et vertes. Siège vide

Je descends

samedi, septembre 27 2008

métro 18 - Le langage est loin d'être innocent

Avez-vous vu ces panneaux publicitaires pour www.321auto.com ?

"J'astique la mienne
tous les matins"

et

"Celle de mon mari ne tombe jamais
en panne, c'est agréable..."

Je trouve le choix des mots, la ponctuation et le retour à la ligne bavards de vulgarité.

Et vous, qu'en pensez-vous ?

lundi, juin 16 2008

métro 17

C'est nouveau, ça vient de sortir. Je décolle mon oreille de la vie du Voyant dans laquelle j'étais plongée.
La femme à la voix râpeuse et monotone propose du papier à lettres. L'idée est séduisante, le papier un peu moins, mais l'échange de regards me retient dans mon premier élan. De même que l'exhibition de moignons sur les Champs ou l'étalotage d'enfants dans les rues mouillées, je lis dans ses yeux suppliants le désir de susciter la pitié. J'entends "Donne-moi ton fric !" et non "J'ai besoin d'aide." Le produit à vendre est nouveau, le ton et le discours : non. A croire qu'il existe des formations à la mendicité, ou que certains ont perdu leur JE à tel point qu'ils ne parlent plus qu'une seule et même langue : la langue de l'apitoiement.
Les pièces, aujourd'hui, resteront dans ma poche.

mardi, juin 10 2008

métro 16 - la bonne blague !

dimanche, juin 8 2008

métro 15 - stig

Dans l'effusion de sons

Je trouvai le silence

Dans l'encre de l'enfant

Brûlé par l'abandon de sa mère.

vendredi, juin 6 2008

métro 14 - les triplés de strasbourg saint-denis

mardi, mai 20 2008

métro 13 - "Aujourd'hui, je veux être méchant !"

L'homme aux murmures énigmatiques
Défie brusquement son reflet.

Front-kick d'une violence -

Les gestes et paroles se figent tout autour.
Les êtres se rétrécissent.
Les regards s'inquiètent.

Aujourd'hui, je veux être méchant !

Il sort.

métro 12

Trouver
Dans les allers-retours incessants
Sur les traces du Même
Le détail qui fera de ce chemin obscur
Un lieu à découvrir
De ses habits de poussière.

jeudi, mai 15 2008

métro 11

21 stations s’égrènent devant mes yeux
pareilles aux perles d’un passe-temps
la pleine conscience fait office de prière
et la journée s’achève
sous les néons de l’A 13062.

Si l’on apprend l’Eau par la soif
Comme l’aurait écrit Emily Dickinson
Demain j’aurais appris le repos.

vendredi, février 8 2008

métro 10 - "Journal" d'Hélène Berr

Une femme lit
Face à moi
Ce journal que je terminai
Quelques jours auparavant
Je la regarde
Lire
J'aime voir son visage
Se mouvoir
S'émouvoir
Au fil des pages
Les pauses s'allongent
Les yeux s'humectent
Une larme s'échappe
Du coin de son oeil gauche
Dernière page.
Derniers mots.
Les lèvres se pincent
Les yeux s'ouvrent grands
La respiration se fait nécessaire.

Je la regarde
Masquer son trouble
Je cherche son regard
Et – (large sourire)
Ça m'a fait le même effet.
La femme rit
Elle serre le livre
Contre sa poitrine maternelle
Et ses larmes deviennent –
Témoins tendres
D'une éphémère complicité
Humaine et souterraine.

lundi, janvier 21 2008

métro 9 - francisco

Je sautai sur le quai, pressée de retrouver la chaleur de mon cocon, les mains enfoncées dans les poches de ma veste, mouillée par une pluie cinglante que les quarante minutes de métro n'avaient réussi à me faire oublier. Me faufilant entre les différentes démarches, je l'aperçus, assis sur la dernière marche des trente-six qui mènent aux portes automatiques. L'homme au blouson vert et aux cheveux gris est là, à cet endroit inouï. Etonnant. L'homme a quitté son virage des courants d'air. Si je ne l'avais vu, déjà, assis dans ces couloirs humides, je ne devinerais pas qui il est. Il m'a vue lui aussi. Ma casquette vissée sur la tête. Le pas rythmé. Chacun d'entre nous sait déjà qu'il y aura ce sourire tendre. Il l'attend. C'est tout ce que je peux lui offrir. Il sent que c'est ce dont il a le plus besoin. Un bonjour ou un bonsoir, selon l'heure de la rencontre, et un sourire accompagné d'un regard droit disant vous existez, je ne ferai pas semblant de ne pas vous voir. J'aperçois sa veste verte qui, semaine après semaine, imperceptiblement, se recouvre de gris. Ses cheveux s'allongent et sa barbe remplit désormais des joues qui se creusent. Dernière marche. Bonsoir. Sourire. Ça va Gavroche ? ou bien Salut Gavroche ! L'homme vient de me parler. Je suis tellement surprise d'entendre sa voix pour la première fois, que j'en oublie instantanément ses mots. Il me regarde de ses yeux fatigués et sourit. Mon sourire se transforme en rire bref. Je me retourne vers lui et m'engouffre dans la nuit, son regard d'enfant imprimé dans mes pensées. Déjà le texte s'écrit.

mardi, janvier 8 2008

métro 8

Perché sur son échelle
Il balaie le noël d'Afflelou
Et peu à peu encolle
Le p'tit indien.

–– Fermeture des portes ––

Prochaine station –
Diversivie ?
Diversivie.

jeudi, décembre 27 2007

métro 7 - ligne 2

Vaut-il mieux consommer la viande saignante ?
Comment consommer la charcuterie ?
Tous les morceaux de viande sont-ils aussi gras ?
Où trouve-t-on la vitamine B12 ?
Où trouve-t-on la vitamine C ?
Je privilégie les transports en commun.
Le fromage protège-t-il des caries ?
Profiter de la chaleur.
Choisir son véhicule.
Je trie mes déchets.
La climatisation, un luxe qui coûte cher.
J'adapte mon véhicule à mes besoins.
Rapporter certains déchets.
Quels sont les bienfaits du régime végétarien ?
Faut-il éviter les crudités au déjeuner ?
Je ne laisse pas de déchets derrière moi.
Que penser des potages en brique ?
Les transports en commun une rapidité prouvée.
Dégivrez votre réfrigérateur.
Quelles sont les propriétés de la mâche ?
Les eaux aromatisées font-elles grossir ?
Comment réduire son alimentation en sel.

vendredi, décembre 14 2007

métro 6 - jacques

OFF

Qu'est-ce que vous foutez là, Mademoiselle ?
Regardez la pancarte !
8 minutes. Vous allez attendre 8 minutes !
C'est chiant, non ?

On est d'accord.

Je m'appelle Jacques !

Bonjour !

Je m'appelle Jacques !

Je m'appelle Jacques !

Vous ne voulez pas m'adopter ?
Je fais la vaisselle, je fais les lits !
C'est pas compliqué !

Mademoiselle, vous savez faire les lits ?

Et la vaisselle ?

Pendant 17 ans j'ai fait ça !

17 ans je suis resté placardé comme vous, comme ça !
Et là –
J'existe ?

Bonjour mec ! Je m'appelle Jacques !

T'as déjà essayé toi ?
Au-dessus d'un pont –
Tu sais, quand tout bascule !

Tu n'y arrives pas ?
Ben… mets des chaussures à bascule !

Bonjour Madame !
Je m'appelle Jacques !

Bonjour !

Tu verras quand tu connaîtras ces rails aussi bien que moi !
J'ai vu un mec se jeter sous mes yeux !

C'est pas vrai.
En vrai je m'appelle Daniel.
Depuis 3 jours.

Vous vous appelez Elodie, non ?
Avec un regard comme ça, vous voulez pas m'adopter ?
Je fais la vaisselle !

C'est mieux comme ça, non ?
Ça met un peu d'animation !
Vous voulez de la musique ?
J'ai un harmonica !

Ah ! voilà le TGV !
Salut !


IN

J'ai quitté ce pays il y a seulement deux mois tu sais

dimanche, décembre 9 2007

métro 5 - détails

pulpeuse, rosée, surmontée d'une moustache brune naissante
maquillée d'orange sanguine et ridée de part et d'autre
serrée sur un bonbon
rouge vif et renfrognée, un grain de beauté au-dessous
en mouvement perpétuel
boudeuse, ouverte sur la vulgarité
derrière la barre, masquée
immobile, en porte close sur l'histoire de l'Afrique
fine
enfouie sous un triangle de poils poivre et sel
imposante, frottée mécaniquement par de longs doigts noirs
à l'abri de foulards gris noir et rouge sombre
et au-dessus d'elles toutes :
"Quand on (la) cherche, on (la) trouve..."

jeudi, décembre 6 2007

métro 4 - détails

Le visage légèrement tordu vers celle qui a pris place à ses côtés,
la jeune femme mordille son ongle, tentant un regard à travers
les mèches déchues de sa frange dégradée.
Une boucle d'oreille en nacre, couleur crème,
pend à son oreille gauche. Celle qui n'est pas prêtée.
La conversation de l'homme aux lunettes rectangulaires me soustrait son visage.
Face à moi : la mélancolie doucement asiatique fait pendant à la fugace présence malienne
Place des Antilles.
Les peaux s'assombrissent
Les regards s'élargissent
Et les néons accentuent l'épuisement ambiant
Les stations s'égrènent
Et le temps est –
à la sortie.

métro 3

Bonnet noir sur la tête.
Écharpe extra large noire autour du cou
Un manteau de laine noir, à travers lequel point un gilet de femme en laine rouge vif
La tête abandonnée sur la barre métallique, les mains réchauffées par des mitaines bleues et blanches,
il regarde son téléphone.
Sourit.
Son visage affaibli, scandé par une cicatrice sur la joue droite, s'ouvre soudain à la voix suspendue, perdue à l'autre bout du fil
Son genou gauche s'échappe par la déchirure de son jean noir délavé,
devenu gris. L'appel est terminé.
Les yeux se font de nouveau absents, posés sur les vitres sales d'une fenêtre improvisée.

métro 2

Je ressentais son agitation.
Sa jambe droite croisée au-dessus de son genou gauche.
La main droite posée sur son genou droit.
La main gauche happant du bout des doigts son poignet droit.
Et son regard –
Mobile
Clignotant
Cherchant hors de lui ce qui vivait en lui
Au-delà de lui-même
Il écarta soudain les jambes. Posa ses avant-bras sur ses genoux. Puis,
se redressant, fit tourner d'une vive nervosité un simple anneau doré enveloppant son annulaire. Le droit.
Il remit le col de sa veste en place. Se leva.
Le train avançait encore.
Il avait déjà la main sur la poignée.
Avant l'arrêt complet, les portes s'entrouvrirent.
Il sauta sur le quai.
Et disparut.

métro 1

Ça me touche

Je ne sais pas, pourquoi

Ça me touche Elie

Parce que c'est toi

Elle accéléra soudain le pas
Le téléphone collé à son oreille
Et le rythme voisin de notre marche s'en trouva désaccordé
Je la regardai gravir les marches deux à deux
Et s'éloigner en silence sous la pluie vive d'une nuit en sommeil