Marguerite Duras
Par magali le vendredi, juin 23 2006, 10:36 - influences - Lien permanent
C’est curieux un écrivain. C’est une contradiction et aussi un non-sens. Ecrire c’est aussi
ne pas parler. C’est se taire. C’est hurler sans bruit. C’est reposant un écrivain, souvent,
ça écoute beaucoup. Ça ne parle pas beaucoup parce que c’est impossible de parler à
quelqu’un d’un livre qu’on a écrit et surtout d’un livre qu’on est en train d’écrire. C’est
impossible. C’est à l’opposé du cinéma, à l’opposé du théâtre, et autres spectacles. C’est
à l’opposé de toutes les lectures. C’est le plus difficile de tout. C’est le pire. Parce qu’un
livre c’est l’inconnu, c’est la nuit, c’est clos, c’est ça. C’est le livre qui avance, qui grandit,
qui avance dans les directions qu’on croyait avoir explorées, qui avance vers sa propre
destinée et celle de son auteur, alors anéanti par sa publication : sa séparation d’avec lui,
le livre rêvé, comme l’enfant dernier-né, toujours le plus aimé.
in Ecrire