M. est allongé. Une jeune femme le sort de son lit, le prend dans ses bras et s’éloigne. Arrivés au salon, M. gigote. Il s’échappe pour s’asseoir dans une chaise haute. Son pantalon rouge s’en va se poser je-ne-sais-où. Jambe nues, il regarde la jeune femme lui passer autour du cou une grande serviette qui était posée sur la tablette, également maculée de purée et de compote. M. décide de faire un peu de nettoyage. Il passe sa main sur la tablette et ne sachant que faire de ces restes de repas, il les met dans sa bouche. Il commence par la compote. De toute évidence, il préfère le sucré. Il plonge une main bien loin dans sa bouche pour tasser la compote au fond, mais tout ressort et se dépose sur cette même main. La jeune femme lui enfonce une cuillère dans la bouche pour l’aider à se débarrasser du surplus et remet le tout dans un pot de compote pomme-banane. C’est du coing, dit-elle. Elle n’a plus la place de mettre la compote dans le pot, et comme il ne reste plus de compote, ni sur la serviette ni sur la tablette, ça tombe bien. Pendant ce temps, une autre jeune femme qui assistait à cette scène s’approche. Elle a de la purée de petits pois dans les cheveux. M. l’attire vers lui et lui passe la main dans les cheveux pour lui enlever cette nourriture qui n’a rien à faire là. Elle lui sourit, pour le remercier peut-être. Il met la purée de petits pois dans sa bouche puisqu’il n’a pas encore de petit pot pour pouvoir s’en défaire. Il va pour nettoyer la tablette et trempe au passage sa manche dans la purée qui disparaît instantanément. Il remarque quelques taches sur sa serviette, les enlève à la main, met la main dans sa bouche : il en a plein la bouche. Il réclame de nouveau l’aide de la jeune femme qui a trouvé un pot de purée de petits pois vide. A nouveau, elle lui enfonce une cuillère dans la bouche pour l’aider à se débarrasser du surplus et remet le tout dans le pot. La tablette est bientôt propre, la serviette aussi. M. a bien travaillé. La jeune femme le délivre de la serviette qu’il porte autour du cou depuis déjà de longues minutes. Il porte un haut de pyjama rouge. Elle hésite à lui enlever, lui enfile finalement un pantalon et le sort de la chaise. Il râle un peu (a-t-il trop mangé ?). Il s’en va jouer. Elle revient le chercher, lui ôte ses vêtements et sa couche, qu’elle replie soigneusement. Il est désormais étendu dans une serviette à capuche blanche. Elle le frotte jusqu’à ce que sa peau s’humidifie. Une technique ancestrale peut-être ? Puis elle plaque contre le mur la serviette qui reste suspendue, et plonge M. dans la baignoire. Son regard sur lui est tendre, maternel. Une étrange mousse blanche surnage. Des rides se forment à la surface de l’eau : un canard en plastique jaune remonte instantanément sur le bord de la baignoire. La mousse blanche, comme aimantée, vient se coller au corps de M. Il en est maintenant entièrement recouvert, ce qui incite certainement la jeune maman à le sortir de l’eau. Elle l’allonge et lui enlève délicatement tout cela. Avec précaution, elle remet le produit dans un flacon. Ils se sourient. Elle lui met une couche qui semble avoir déjà été portée. Les temps sont rudes ! Mais M. sourit.


Après avoir été traversée par la flèche du temps