faire face à l’effacement
 
 
Peur de –
 
Je m'endors
 
Tournent devant mes yeux
Les portraits de ceux qui –
Se fige
Le visage de –
Recherche
De traits plus nets
Plus précis
Mais au plus –
Au plus ils s'effacent
 
Angoisse
 
Peur de perdre
Ces traces de vie
Peur d'oublier
Ces attachements
A ceux qui ont construit –
 
Une vie-boîte
 
Stocker
Amasser
Récolter
Collectionner des
Bouts de –
Voix en miettes
Bribes –
Photos. Inserts
Et des puzzles de toi
Et toi et toi ou
Toi
Enregistrer le timbre
Enregistrer le rire
Enregistrer les mots
Et le rythme
L'accent
Et les mouvements
 
Regarder longtemps
Avec grâce
Et –
 
Plus tard
 
Se souvenir de –
La manière de fumer
S'asseoir
Renverser un verre ou –
Répondre
Au téléphone
Sourire de cette façon
De regarder les autres
D'écouter
 
Les astres : charnels
Dans –
 
La nuit
 
Les sculpter
Et les reconnaître
Au toucher
La découverte de –
S'écrit aussi
 
Intimité.
 
Fermer les yeux
 
Tendre avec
Douce fébrilité
Ma main vers –
L'abandonner contre –
 
Etreinte
Pression caresses pression
Les frissons submergent la –
 
Peur
 
Simplicité
Attention abyssale
Trouble
Approcher
 
Esquisses
 
Toucher –
Et recueillir sous mes doigts
Les chuchotements
De tes traits
 
Brûlure du désir
 
Sentir les creux
Les angles de –
Effleurer
Infiltrer tes lèvres du
Frémissement de –
 
Redessiner

Yeux fermés
Te sculpter et
T'écrire
Vient le temps infini
Où les caresses calligraphes
Croquent les rires
Du corps –
Ravissement
Et : libération
bandouille et baisecul, diablog
 
En l'an de grasce inconnüy du XIV settenbre MMVII
- Parbleu ! mon amy, que faictes-vous en ceste meie fenestre ?
- Ma foy, une envy de douce heur m'a destourné de mon biel & doulz viage.
- Qu'ouïs-je ?
- Ce que vos loncques oreilletes ont daigné vous aporter, m'amie !
- Diantre ! Où ceste douce heur est donques celée ?
- Auray-je le couraige de vous le desvoiler…
- Osez, ma creele, vous estes fame de cueur.
- Si vostre voiz continue de la sorte, à presser ma vertu d'un doulz son de cloporte, je n'oseray mais, vous en dire d'avantage.
- Si fait, n'en parlons miete ! Viaz, passez-moy le dentifriss !
- Fichtre, vous connoyssez donques ce noviel eslixir ?
- Dame, voire, n'en faictes-vous poinct usaige ?
- Si que l'onguent est une trouvaïye que seulz les encusés se peusvent voir osfrir.
- Nenni ! Je connoys un apothicaire de for bonmarché.
- Auray-je l'ocasyon de vous y voir m'emener ?
- N'en feroy-je rien. Ma fame m'a tosjors desfendeü l'entremise.
- Que mirez-vous en moy, si ce n'est la mesprise !
- C'est que Nature m'a faict fol & espou d'une gueuse !
- Non ! Votr histoire, Diablotin, n'a de prise que sur vous & me garderay bien de n'en juger le sou !
- Ainsi soit-il, chascun le sçait, les infortunés ne sortent que la nuyct !
- L'heur sombre des ores mais en demeure d'yvrongnes.
- Entrejoygnons-nous donques à ce banquet !
- Estes-vous seüre, ma Dame, que vous souhaytez voirement vous y voir desmontrée ?
- Vous dictes vray. Cachons-nous derriesre ce fourrez, que nuz nous aperchoyve !
- Damoysiele, votre hardyesse m'apeüre. Si quelque Hun nous veoiyaict –
- Le manant en auray tot le chief tranchié !
- Dou vous vyennent ces mots que le myen ne sauroit tost saysyr ?
- J'entens ! Vostre rayson n'esgale pas vostre enbonpoinct.
- Ceste ignominie, ma foy, mesriteroit une bonne claqueüre en vostre chaste gueulle !
- Mais fayctes doncques ! Incontinent !
- Vos grandioses esmeuës ne cessent d'esveiller un mien courroux desja contry. Ne m'eschauffez plus guesre ou vos arriesre vont se trouver meurtryz !
- Cest incarnat syed à mervoille à vostre pasle vis. Comme il me syed, ma Dame, de vous voir eschaufer.
- Je vous pry novelement, de ne me poynt pester vos remonstrances au viaire !
- L'exiture de ma braguette tombe jusques à mes chausses.
- Votr inimityéz, à tous azars, m'endors descza de là en la cuysine du scavoir.
- Tresbien. Souppez y ! Peu me chaut !
- Le gras de vostre parolle me cuyst comme un faysan de basse cour. Mestez le chief bas à votr ardente espée, poynt m'est venüe l'heur du trespas.
Ces derniers dicts ne furent poynt esgourdyz : le posvre roy fut entrecoupész par la lamme de la donzelle en ire. A tout aleüre, le sangt & la viande desgoulinoient de ses roveles entraylles.

merci à bandouille d'avoir remonté le temps avec moi...
« Vanquish »
 
Après une nuit passée à se demander dans combien de temps les chats retrouveraient leur couleur intime Gala quitta l’hôtel. Les galets se mirent à crier sous le poids de ses semelles. Cette vaste étendue de verre pilé : comme une réponse en vagues grises à la toile argentée qui vêt la côte d’un horizon froid. Sur cette même plage, les tirs furent meurtriers. Soixante six ans se sont écoulés mais les yeux de Gala ressemblent ce matin à des nuages surpeuplés de mouettes rieuses annonçant la pluie. Elle ne tarda pas à venir. Et Gala marcha jusqu’à ce qu’elle cesse. Aux pieds des falaises, l’Histoire résonna dans le vent de sa manche. L’homme au cri d’oiseau se tenait derrière elle, les mains gantées profondément ancrées dans ses poches. Elle le regarda et ils gravirent les ruelles, silence contre silence, tournant ainsi le dos à cet épisode marquant, ou la fissure du Mur de l’Atlantique.
 
hypnos
 
 
En chien de fusil
A plat ventre
Ou sur le dos
Je t'attends
Tu ne viens pas
Je refais le monde
Sans toi
Sous le regard noir de ta mère
 
antidote
 
Quand les mots

Désespoir, plainte, refroidir, dur
Immuablement
S'offrent à nos yeux
Pourquoi ne pas déplacer le regard ?
Juste à côté, eux :

Déshabiller, plaisant, refuge, durable.
Ne sont-ils pas plus séduisants ?
Pourquoi enfilons-nous
Chaque jour systématique
Les pans obscurs de l'histoire ?
Changeons de garde-mots
La vie sait être
Simple et douce
Arrêtons de la mettre
En cause – Nous seuls
Sommes coupables
Du chemin sur lequel
Nous pleurons.



Avec la complicité silencieuse de Robert Micro
 
La lente agonie de la mie de pain mastiquée par l’Edentée

                              Tout était dans le titre.     


A l’étage
 
J’avançais à pas sereins
Un mur d’acier tomba
À quelques centimètres de
Moi
Sur les conseils de la peur
Je rebroussai chemin
 
M’éloignant, je sentis mes pieds
Décoller du sol
Ouvris mes paupières de silence
Devant moi : le champ de seigle n’était plus
Le pain était sur la planche
Et couteau en main
Je m’apprêtais à m’en payer une bonne tranche
Amis
 
M. est allongé. Une jeune femme le sort de son lit, le prend dans ses bras et s’éloigne. Arrivés au salon, M. gigote. Il s’échappe pour s’asseoir dans une chaise haute. Son pantalon rouge s’en va se poser je-ne-sais-où. Jambes nues, il regarde la jeune femme lui passer autour du cou une grande serviette qui était posée sur la tablette, également maculée de purée et de compote. M. décide de faire un peu de nettoyage. Il passe sa main sur la tablette et ne sachant que faire de ces restes de repas, il les met dans sa bouche. Il commence par la compote. De toute évidence, il préfère le sucré. Il plonge une main bien loin dans sa bouche pour tasser la compote au fond, mais tout ressort et se dépose sur cette même main. La jeune femme lui enfonce une cuillère dans la bouche pour l’aider à se débarrasser du surplus et remet le tout dans un pot de compote pomme-banane. C’est du coing, dit-elle. Elle n’a plus la place de mettre la compote dans le pot, et comme il ne reste plus de compote, ni sur la serviette ni sur la tablette, ça tombe bien. Pendant ce temps, une autre jeune femme qui assistait à cette scène s’approche. Elle a de la purée de petits pois dans les cheveux. M. l’attire vers lui et lui passe la main dans les cheveux pour lui enlever cette nourriture qui n’a rien à faire là. Elle lui sourit, pour le remercier peut-être. Il met la purée de petits pois dans sa bouche puisqu’il n’a pas encore de petit pot pour pouvoir s’en défaire. Il va pour nettoyer la tablette et trempe au passage sa manche dans la purée qui disparaît instantanément. Il remarque quelques taches sur sa serviette, les enlève à la main, met la main dans sa bouche : il en a plein la bouche. Il réclame de nouveau l’aide de la jeune femme qui a trouvé un pot de purée de petits pois vide. A nouveau, elle lui enfonce une cuillère dans la bouche pour l’aider à se débarrasser du surplus et remet le tout dans le pot. La tablette est bientôt propre, la serviette aussi. M. a bien travaillé. La jeune femme le délivre de la serviette qu’il porte autour du cou depuis déjà de longues minutes. Il porte un haut de pyjama rouge. Elle hésite à lui enlever, lui enfile finalement un pantalon et le sort de la chaise. Il râle un peu (a-t-il trop mangé ?). Il s’en va jouer. Elle revient le chercher, lui ôte ses vêtements et sa couche, qu’elle replie soigneusement. Il est désormais étendu dans une serviette à capuche blanche. Elle le frotte jusqu’à ce que sa peau s’humidifie. Une technique ancestrale peut-être ? Puis elle plaque contre le mur la serviette qui reste suspendue, et plonge M. dans la baignoire. Son regard sur lui est tendre, maternel. Une étrange mousse blanche surnage. Des rides se forment à la surface de l’eau : un canard en plastique jaune remonte instantanément sur le bord de la baignoire. La mousse blanche, comme aimantée, vient se coller au corps de M. Il en est maintenant entièrement recouvert, ce qui incite certainement la jeune maman à le sortir de l’eau. Elle l’allonge et lui enlève délicatement tout cela. Avec précaution, elle remet le produit dans un flacon. Ils se sourient. Elle lui met une couche qui semble avoir déjà été portée. Les temps sont rudes ! Mais M. sourit.


Après avoir été traversée par la flèche du temps
 
arbre moqueur
 
Pendant cinq ans, il est resté
Là : sur le parvis
Sans oser m'aborder.

Hier soir son écorce a griffé mon œil.

Surprise par son désir soudain
De rencontre
Je l'ai pris dans mes bras.
 
rose blanche
 
Enfants soumis
Enfants bernés
Enfants endoctrinés
 
La brute arrache son masque
 
Interdiction
Obligation
Disparition
 
Où est passée la dignité humaine ?
Médecine et philosophie
Au service de la révolte
 
Discuter : impossible
S'opposer : impossible
La brute n'a pas d'esprit
 
Lily, l’étrangère
 
Lily a deux bouches
L'une à la place de l'œil gauche
L'autre en guise de droit
Elle déguste la vie
n'en perd aucune miette
la dévore parfois
la mord
la goûte
et ce regard différent parle
pour elle
articule ce que son oeil orphelin
béant sous son nez
ne peut exprimer
 
 
tracttracttracttract
Liberté !
Quittons les rangs !
Exprimons notre pensée politique !
 
Tract –
Enfants perdus
A exécuter
 
Dénonciation
Arrestation
Condamnation
 
Ne nous taisons pas
Crions une dernière fois
Avant l'arrivée de la "hache"
 
Etouffer
Sacrifier
La mauvaise conscience
De la brute
 
Une rose blanche fleurit
Dans les abattoirs
de la dictature